L'ARROSEUR ARROSÉ

19.07.2001

MACWORLD NEW YORK 2001 - Il y a exactement un an, le 19 juillet 2000, Mordicus était né sur un coup de tête quelques minutes après le discours-programme de Steve Jobs à Macworld New York. À l'époque déjà, on pouvait dresser une liste cohérente de critiques qui se sont finalement révélées pertinentes. Un exemple: l'apéri-cube.

Il est de coutume dans la communauté Mac d'accepter d'entrer dans le champ de distorsion généré par Steve Jobs lors de ses keynotes mais il semble que les têtes pensantes de la Pomme n'ont pas senti le vent tourner. Si on pouvait encore sourire en disant qu'en assistant à un discours-programme on se plonge volontiers dans la quatrième dimension, le public n'est plus enclin à avaler n'importe quoi. Et cette année, la cassure entre le "show" d'Apple et les attentes du public était criarde. Les spectateurs ont été abasourdi par l'ambiance glauque qui a régné malgré un Steve Jobs en forme (sourire permament et hypocrite de rigueur) avec quelques kilos en moins mais qui a aussi montré une facette de son sale caractère en jetant avec dédain un appareil photo numérique récalcitrant. On connaît bien la légende des Newton volants...

Steve et ses compagnons répètent constamment le même scénario avec les mêmes trucs éculés: décor, duel bidon supervisé par Phil Schiller entre un G4 et un Pentium IV (pourquoi ne testent-ils pas une compilation HTML -> WYSIWYG dans GoLive ou un Rechercher/Remplacer dans Word), mêmes écrans et typos de présentation,... tout cela dans une joie et une bonne humeur forcées. Manifestement, les dirigeants d'Apple sont restés dans la Twilight Zone avec peu d'annonces majeures si ce n'est Mac OS X mais bon, celui-là, cela fait des mois qu'on l'attendait aussi, n'est-ce pas? Le G4 servant à la Pro Creation est une évolution, l'iMac a viré en catimini ses couleurs douteuses, iDVD évolue mais n'est utilisable que sur les machines les plus chères,... Bref, on se serait cru dans un mauvais roman-photo...

Il suffisait de lire les réactions d'après-keynote, c'est la morosité et le scepticisme qui l'emportent. Fallait oser aligner dix interventions d'éditeurs pour Mac OS X et un cours d'unif sur le mythe du MHZ pour remplir aussi maladroitement les trous. Les Américains doivent la trouver très mauvaise. Le malheur des uns fait le bonheur des suivants: les Européens se frottent les mains: "c'est tout bon pour Apple expo" qui peut s'attendre à un nouveau concept d'iMac, un nouveau PowerBook Titanium ou une killer-app. Il n'empêche, si c'est tout bon pour Paris, il faut tout de même noter que ce keynote peu reluisant trahit un trou dans le planning d'Apple et les spectateurs en sont pour leurs frais... Payer avion transatlantique et hôtel pour revenir bredouille, je connais des collègues européens qui sur place dorment mal...

Vu l'état des rumeurs sur le nouvel iMac avant l'événement et le pudding mou finalement servi à New York, on peut aussi avancer qu'Apple n'est pour rien dans la distillation des rumeurs d'avant Macworld pour attirer les observateurs potentiels. Pourquoi aurait-elle laissé couler des infos alléchantes pour tomber aussi bas devant les caméras et les projecteurs? Les sites de rumeurs se plaignaient de n'avoir pas réussi à mettre la main sur des infos de première importance et supputaient une maîtrise radicale des infos par Cupertino. En fait, il n'y avait vraiment rien d'extraordinaire à révéler...

Déçu, pour assouvir une curieuse boulimie d'annonces écrasant comme une punaise le monde Wintel, j'ai ressorti une VHS avec le keynote de Macworld San Francisco le 5 janvier 1999: pub Hal, première démo de FireWire, présentation du design poignées+porte, Mac OS X Server, iMacs colorés,... ÇA c'est un keynote ! Le meilleur de tous les temps.

Les deux photos sont tirées de la galerie de clichés pris par l'équipe de MacGeneration sur place à Macworld New York. Phylactères ajoutés par Mordicus.

Vos réactions

Difficile de trouver des circonstances atténuantes à Jobs sur ce coup ci. Il faut dire qu'il nous a mal habitués avec ses keynotes pleines de rebondissements. Mais là, même le charisme ne suffit plus. Faut-il qu'on soit amoureux de Mac OS pour supporter tout ça. Ok, il fallait convaincre que Mac OS X attirait les développeurs et les plus gros. D'accord, selon VNUnet, certaines annonces auraient été supprimées au dernier moment. D'accord, on ne peut pas révolutionner la gamme à chaque fois. Mais il n'empêche. Je me souviens de la keynote du premier Apple Expo après le retour de Jobs chez Apple, c'est Avie Tevanian qui l'avait faite. Celle-ci aurait très bien pu être faite par Rubinstein. Intérêt que celle de septembre soit copieuse sinon... sinon quoi au fait ? Qui passera sur PC parce qu'Apple n'aura pas annoncé de nouvelle machine dans son show marketingo-publicitaire de début d'expo ? A chaque fois on râle mais on s'aperçoit aussi que notre bécane actuelle peut encore tenir les coup et rendre service quelques mois. Qu'à la limite, il suffit d'ajouter de la mémoire, un disque supplémentaire, de changer la carte vidéo... on est quand même sous Mac OS et ça c'est (presque) irremplaçable. - Jean-Luc Barts - fin XXe, début XXIe.

Salut. Décidément tu es passé maître dans la critique virulente mais juste. Bien vu. Je me suis amusé a regardé les anciennes keynotes. Et la comparaison est peu avantageuse pour celle vue ces jours-ci.

San Francisco
Janvier 2001
Janvier 2000

Tokyo
Février 2001

New-York
Juillet 1999
Juillet 2000
Juillet 2001

Paris
Septembre 2000

Fabrice Authenac

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