LES MÉDIAS MONTÉNÉGRINS NE SONT PAS INDÉPENDANTS
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MISE À JOUR AVEC LE DÉMONTAGE D'UNE DÉSINFORMATION ANTISERBE

19.03.2001

BRUXELLES - Le 26 février dernier, le CEPS (Center of European Policy Studies), l'ICG (International Crisis Group) et le FES (Friedrich Ebert Stiftung) ont organisé à Bruxelles un colloque d'experts sur "Le Futur du Monténégro". L'invité principal fut le Président Milo Djukanovic qui n'a pas manqué de rameuter son Ministre des Affaires Étrangères Branko Lukovac ainsi qu'une grosse poignée d'amis politiques, sociologues, économistes,... pour plaider la cause d'un Monténégro indépendant.

Il fallait s'en douter, l'opposition (qui pèse quand même d'un certain poids dans la République) ne fut pas conviée et seuls deux intervenants monténégrins contre l'indépendance faisaient partie du voyage, deux opposants modérés: Dragan Soc, l'ex-Ministre de la Justice et président du NS (Narodna Stranka - Parti Populaire - serbe modéré) qui faisait partie de la coalition "Pour Vivre Mieux" de Milo Djukanovic, ainsi que Vladimir Goati du groupe G17+. Ces deux intervenants ont parlé 15 minutes au total sur toute la journée. La portion congrue réservée à l'option fédéraliste fut encore plus révélatrice lorsqu'on s'est rendu compte que le représentant de l'ambassade de Yougoslavie à Bruxelles était confiné au rôle d'observateur dans le public mais a quand même eu ses cinq minutes de parole diluées dans les huit heures qu'a duré la conférence. Cependant, l'ambassadeur de Croatie à Bruxelles faisait partie des intervenants officiels...

Tout les arguments possibles et imaginables pour l'indépendance y sont passés et les dizaines de journalistes présents dans la salle, qui manifestement n'étaient pas très au fait de l'évolution politique du Monténégro ces cinquante voire cent dernières années, ne pouvaient que gober sans broncher ce qui se disait. La grosse majorité des questions furent très formelles mais les experts et différents intervenants n'ont pas manqué de rappeler qu'un Monténégro indépendant a peu de chances de survivre économiquement sans aide massive de l'étranger. Mais la voix officielle monténégrine a voulu rassurer sur les potentialités de la petite république de 650.000 habitants sans vraiment convaincre toutefois. Un État macro-économique est effectivement le projet le plus réaliste mais il faudra convaincre les investisseurs étrangers et cela n'est pas gagné d'avance compte tenu du faible tissu industriel. L'avenir le dira, que le Monténégro soit indépendant ou non.

"Toutes les options politiques
sont largement discutées et
représentées dans les médias
monténégrins"

A côté de toute la dialectique qu'on a pu entendre, je préfère parler des médias car ce jour-là, un document assez intringuant faisait partie de la masse de papier qui était distribuée: "L'environnement médiatique au Monténégro dans le cadre des prochaines élections et du possible référendum" (cliquez pour télécharger le document Word en anglais, très léger) par Vojislav Raonic de l'Institut des Médias du Monténégro. Morceaux choisis:

- "Les médias privés/indépendants affichent une très grande variété d'orientations, de styles, de contenu et même de profesionnalisme. La situation des médias s'est progressivement améliorée ces trois, quatre dernières années pendant lesquelles la politique du Monténégro s'est tournée vers un système démocratique pro-européen à l'occidentale.

- "Généralement, les points faibles sont: un faible niveau de professionnalisme, un faible niveau technologique, un management pauvre, un manque de stratégie claire en matière de publicité, un manque de journalisme d'investigation.

- "Pendant que les journalistes expérimentés quittent progressivement la profession, beaucoup de jeunes journalistes entrent dans l'arène sans formation adéquate.

- "Le climat social pour le développement d'une presse professionnelle, indépendante, impartiale et objective est globalement positif. Il n'y a pas de censure ni de suppression de programmes de radio et de télévision tout comme il n'y a pas d'obstacles à l'accès libre des sources. Les médias peuvent être considérés comme étant libres. Les règles diversifiées de la couverture médiatique sont le miroir de la coexistence multiethnique et de la tolérance culturelle monténégrine.

- "Les représentants de presque tous les partis politiques ou groupes d'intérêts sont cités quotidiennement par les médias imprimés comme électroniques.

- "Les règles pour la couverture médiatique des activités des partis politiques pour les élections sont discutées et acceptées par tous les partis représentés au Parlement.

- "Toutes les options politiques sont largement discutées et représentées dans les médias monténégrins et donc on peut considérer que l'audience est correctement informée des différentes orientations politiques et argumentations."

Et bien mes amis, à la lecture de ce texte, Thomas More et Aldous Huxley ont versé une larme de bonheur et trinquent là-haut à la santé du Monténégro ! Il est clair que ce document est une déformation assez grossière de la situation des médias. Un mensonge.

"Le Monténégro est resté
le seul pays en Europe
où domine une certaine
pensée unique"

Il faut tout d'abord savoir que les radios et télévisions publiques du Monténégro (des médias très importantes et très influents) sont dirigés par le DPS de Milo Djukanovic. Grosso modo, l'option indépendantiste est poussée à fond sur les antennes tandis que l'option unioniste n'est pas tue pour être plutôt dénigrée. Et tout ce qui touche de près ou de loin à la Serbie est dénigré de A à Z. Pire, les aspects culturels serbes du Monténégro sont niés voire critiqués, déformés,..

Ce qui n'a pas manqué de susciter l'ire des partis d'opposition et du Métropolitanat du Monténégro et du Littoral (l'émanation de l'Église Orthodoxe Serbe). Le Métropolite Amfilohije Radovic s'en inquiète: "Les élections devraient être l'affirmation de la démocratie et la poursuite du bien-être de la population. Je suis toutefois inquiet que les partis au pouvoir n'accordent pas les temps d'antenne nécessaires aux partis d'opposition à la radio et à la télévision publique, ainsi que dans le quotidien Pobjeda. C'était la même situation en Serbie pendant l'ère Milosevic, lorsque la pensée unique dominait. Le Monténégro est resté le seul pays en Europe où domine une certaine pensée unique. Et cette situation est dénoncée par les USA et par les pays d'Europe occidentale".

En effet, publié en février 2001, un rapport du Département d'État (le Ministère américain des Affaires Étrangères) signale que: "Les médias imprimés (à l'exception du quotidien d'opposition Dan) et les médias électroniques publics ne sont pas indépendants car ils sont contrôlés par Djukanovic. Un petit parti modéré pro-yougoslave (NS - Narodna Stranka - Parti Populaire de Dragan Soc) qui appartient à la coalition gouvernante (ce n'est plus le cas aujourd'hui), a accusé très justement le Président d'utiliser les médias pour promouvoir l'option indépendantiste tout en empêchant ses partenaires de la coalition de défendre l'idée du maintien d'une Yougoslavie démocratique. ("The print media is not independent. Djukanovic effectively controls the print media (with the exception of the opposition daily "Dan") as well as the State public broadcasting station, Radio/TV Montenegro. A small, moderate, and pro-Yugoslav party (NS - Narodna Stranka) that belongs to Djukanovic's coalition credibly charged that Djukanovic uses the media to promote independence sentiment while not permitting his coalition partner to make the case for remaining in a democratic Yugoslavia." (Country Reports on Human Rights Practices - Federal Republic of Yugoslavia - February 2001)).

La mainmise du DPS est aussi totale sur le quotidien Vijesti. Celui-ci est la vitrine du cabinet Djukanovic et clame parfois malencontreusement tout haut des informations qui 24 ou 48 heures se dégonflent comme des baudruches. Exemples: la rencontre Bush - Djukanovic qui n'a jamais eu lieu, la non-nomination des candidats ambassadeurs du SNP,... Le quotidien Pobjeda est aussi dans la poche du DPS.

Médias subventionnés
par l'Occident

L'autre point important qu'il faut signaler aux experts et journalistes occidentaux qui dissertent sur le Monténégro c'est que les médias monténégrins sont subventionnés par les fonds américains et européens. Du moins en l'an 2000... Car maintenant que les Occidentaux (Américains et Européens) ont clairement fait savoir qu'ils ne supportent pas l'indépendance du Monténégro, les subsides pour le "marketing du Monténégro" ne seront plus versés; puisque Milosevic n'est plus là non plus... Et il se chuchote aussi à Podgorica que les Spin Doctors (conseillers en communication) occidentaux venus aider le gouvernement Djukanovic dans sa guerre contre Milosevic lors des élections sont rentrés chez eux...

Via l'association sans but lucratif "Crna Gora" (association loi 1901 en France), voici les sommes versées aux médias en 2000 grâce aux fonds occidentaux:

- Montopres (Association des médias indépendants): 125.000 euros
- UNEM (Amicale des medias électroniques indépendants): 80.000 euros
- Syndicat des Journalistes Indépendants: 3.900 euros
- Polje (magazine de Bijelo Polje): 22.000 euros
- Antena M (radio de Podgorica): 17.000 euros
- Montena (télévision de Podgorica): 12.500 euros
- Monitor (magazine indépendantiste): 10.500 euros
- Radio Mir: 10.500 euros
- Radio Montena: 9.000 euros
- Montena-Fax (Agence de Presse): 8.100 euros
- Radio Ozon: 7.725 euros
- Onogost (hebdomadaire): 7.000 euros
- Radio Boje: 7.200 euros
- Radio Free Montenegro: 6.400 euros
- Radio Fokus: 4.620 euros
- TV Sky Sat: 4.100 euros
- Radio Panorama: 3.225 euros
- Radio Ulcinj: 2.355 euros
- Quotidien Vijesti: 2.400 euros
- Radio Tivat: 2.250 euros
- Glasa Plava: 2.000 euros
- Radio Bar: 1.800 euros

Record battu! 650.000 habitants, 22 radios privées, 6 télévisions privées et des douzaines de médias imprimés dont trois quotidiens. Parmi ces quotidiens, le seule vrai journal d'opposition "Dan" qui est la voix du SNP (Socijalisticka Narodna Partija - Parti Socialiste Populaire). Ce journal n'a bien sûr pas touché un euro puisqu'il est pro-serbe monténégrin et milite pour le maintien d'une fédération yougoslave forte.

Comment voulez-vous que les médias ainsi subventionnés soient indépendants et ne poussent que l'option indépendantiste ?

Les sites Internet sont aussi nombreux. Tout le monde veut avoir son site et c'est probablement le pays qui compte le plus de sites Internet de présentation du pays par rapport au nombre d'habitants. Pratiquement tous les sites Internet d'informations sur le Monténégro sont le fait d'indépendantistes qui execre la culture serbe-monténégrine spécifique pour n'avancer que de faits historiques révisés tant en matière ethnique, culturelle, historique que religieuse. Et bien évidemment, l'Occident qui se renseigne en lisant les médias monténégrins ne peut avoir qu'une image déformée de l'histoire et de la culture monténégrine. C'est ainsi que ces derniers temps, lorsqu’on lit et écoute les médias occidentaux qui traitent l’actualité du Monténégro, on nous présente les Serbes et les Monténégrins comme s’il s’agissait de deux entités ethniques complètement différentes. Ce qui est bien évidemment faux même si bien sûr il y a un fort particularisme monténégrin.

Posons-leur cette simple question: "Quelles sont les références historiques, culturelles,… qui vous permettent de nier la "serbité" des Monténégrins ?". Il suffit de surfer sur la majorité de ces sites, tenus en majorité par des activistes politiques indépendantistes d’obédience royaliste, catholique ou (rare) musulmane, pour se rendre compte qu'il n’y a rien, absolument rien. Tous les aspects de la culture monténégrine, histoire des familles monténégrines, déclarations mises par écrit, poèmes, récits historiques, description artistique et architecturale, bref,… tout est ignoré, tout est dénigré. Les sites sont quasi vides de toute référence historique ou culturelle et ne présentent que des informations et des revendications politiques si ce n’est l’une ou l’autre rare coupure de presse qui parle de la violence des "Blancs" (unionistes) dans les années 1920 à l’égard des "Verts" (indépendanitistes). J'y reviendrai infra. Ils ne peuvent s’appuyer sur une aucune source probante si ce n’est sur une des très rares colonnes encore restées debout sur les ruines de la civilisation illyrienne de Dioclée disparue depuis près de deux mille ans. Quant aux sites Internet serbes consacrés au Monténégro (comme par exemple Njegos.org), ils contiennent d’innombrables références documentaires authentifiées.

Mais il y a plus grave. On retrouve encore aujourd’hui des versions du fameux poème épique de Petar II Petrovic Njegos, La Couronne des Montagnes, grossièrement et ridiculement expurgées de tous les vers "pro-serbes". Cette œuvre, dédiée à la mémoire de Karadjordje, le libérateur de la Serbie au XIXe siècle, est une exaltation du combat séculaire des Serbes monténégrins contre les Turcs, un hymne à la liberté, à la nation serbe, à la foi orthodoxe, à la dignité de l’homme ainsi qu’une réflexion sur sa destinée. La Couronne des Montagnes est considérée comme la plus grande œuvre de la littérature serbe. D’autres manipulations incroyables ont été découvertes et circulent encore aujourd’hui, notamment des biographies révisées sur des grands personnages monténégrins où les allusions à la culture serbe sont détournées sans discernement voire purement et simplement éliminées.

Les nationalistes indépendantistes se sont approprié sur Internet la plupart des noms de domaine en relation avec le mot "Montenegro" et dans leurs forums de discussion, on peut lire les propos les plus insultants sur les Serbes et sur les Monténégrins qui défendent leur culture serbe. On peut aussi y lire que les Monténégrins n’ont jamais été des Serbes, que la seule Église orthodoxe qu’ils reconnaissent est la récente "Église orthodoxe monténégrine" qui est en fait un conglomérat d’activistes politiques qui n’ont jamais pratiqué la foi.

On remarque également sur ces forums, qui comptent des centaines de membres et qui sont lus par des milliers de personnes, qu’un nombre important de nationalistes ont une certaine propension à se référer au catholicisme romain fortement minoritaire et à utiliser volontiers un slogan en italien ("Viva Vero Montenegro") comme il est d’usage en Croatie. Ils sont rejoints dans leur dialectique révisionniste par quelques extrémistes musulmans et albanais qui rêvent d’un Monténégro indépendant dans le seul but, quasi gratuit, de se débarrasser des Serbes. Doit-on rappeler que le Métropolitanat du Monténégro et du Littoral, l'émanation de l'Église Orthodoxe Serbe, est l'église au Monténégro qui rassemble le plus de fidèles ?

Une preuve éclatante
de la désinformation antiserbe

Au début de la Première Guerre Mondiale, l’armée monténégrine, avec à sa tête le roi Nikola Ier, vient en aide à la Serbie mais s’effondre devant les forces austro-hongroises et allemandes plusieurs fois supérieures. Le roi s’enfuit en Italie. Les Serbes, qui se sentaient pousser des ailes depuis leur libération en 1913 après un demi-millénaire d’occupation ottomane, répondent à la volonté exprimée par une très forte majorité de Monténégrins de voir tous les Serbes s’unir. L’Assemblée Populaire de Podgorica en 1918 concrétisera cette union.

Les opposants à l’union avec la Serbie sont encore aujourd’hui appelés les "Verts" car lors de l’Assemblée de Podgorica, les petits papiers qui servaient à voter "contre" étaient verts. Les petits papiers qui servaient à voter pour l’union avec la Serbie étaient blancs. Les votes des "Blancs" étaient fortement majoritaires et encore aujourd’hui les "Verts" dénoncent une manipulation ("la farce de Podgorica") en raison des "intimidations de l’armée serbe" disent-ils... sans avancer de preuves tangibles. En plus de sceller l’union des Serbes, l’Assemblée destitue la dynastie des Petrovic Njegos et englobe le Monténégro dans le Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes créé par le Traité de Versailles de 1919. Quelques milliers de monarchistes monténégrins (sur les 250000 habitants de l’époque), n’acceptant pas l’union, dénoncée comme une annexion militaire forcée par la Serbie, prirent les armes. Les monarchistes clament que 5000 d’entre eux auraient été tués car mal organisés et faiblement équipés.

S'il y a bien eu des morts, les preuves manquent pour chiffrer avec exactitude le nombre de victimes. Alors quand les preuves manquent, les révisionnistes les créent, voire les détournent comme dans le cas précis qui suit.

Sur le site Montenet.org, une photo montre des patriotes monténégrins pendus par l'armée serbe pendant la guerre civile monténégrine des années 1918-1920 qui a suivi la Conférence de Podgorica. Très parlant lorsqu'il faut accuser à la face du monde la Serbie d'avoir traumatisé le Monténégro pour en faire une sous-province serbe.

Cliquez pour aller sur le site.

Cette photo a aussi été reprise par un site révisionniste (montenegro.org) tenu par Blazo Sredanovic, improbable président auto-proclamé d'une prétendue association de la diaspora monténégrine basée à San Fransisco mais qui est loin, très loin même, d'être représentative de tous les Monténégrins dans le monde. Cependant, Sredanovic, après avoir aussi présenté cette photo pendant de nombreuses années comme la preuve des exactions serbes au Monténégro juste après l'union de 1918, a récemment retiré l'image du site (Elle est toujours présente sur le site Montenet.org). Pourquoi ?

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Tout simplement parce que cette photo ne représente pas l'armée serbe exterminant des Monténégrins mais bien l'armée austro-hongroise, le 19 février 1916 (donc bien avant l'union entre la Serbie et le Monténégro), en train de liquider des Serbes à Trebinje en Herzégovine (Sud de la Bosnie, région proche du Monténégro). Et pour preuve, on distingue bien les uniformes typiques des Austro-Hongrois à l'extrémite droite de la photo. Le haut-de-forme n'était pas non plus à la mode chez les Serbes à cette époque et ne l'a jamais vraiment été. Cet événement tragique a eu lieu devant la caserne austro-hongroise de Trebinje. Le livre d'un prêtre de Trebinje, Vladimir J. Popovic, "Souffrances et victimes du district de Trebinje, 1914-1918" (publié à Trebinje en 1929) révèle les noms des Serbes pendus: Spasoje Stijacic (paysan de Klobuka), Luka Bakoc (paysan de Klobuka), Rade Bakoc (paysan de Klobuka), Lazar Rutesic (paysan de Klobuka), Todor Stijacic (paysan de Rakovog Dola), Djordjo Stijacic (paysan de Orahovca), Krsto Stijacic (paysan de Dobrog Duba), Nikola Segrt (paysan de Arandjelovo) et Trifko Kujacic (paysan de Rakovog Dola).

Plus grave, le 16 mars dernier, Serbo Rastoder, une des têtes du SDP (Socijaldemokratska Partija - Parti Social Démocrate - indépendantiste) et historien a publié dans le quotidien indépendantiste Vijesti un article essayant de prouver, grâce à cette photo, que la Serbie "occupe" le Monténégro suite à l' "annexion" de 1918 et que ces exactions photographiées contre les Monténégrins sont le fait de l'armée serbe. Serbo Rastoder est considéré par les observateurs comme un antiserbe notoire.

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Cette photo est tirée en fait du livre de Vojislav Bogicevic "Sarajevski atentat" (L'attentat de Sarajevo) publié en 1954 par les Archives d'État de Bosnie et Herzégovine.

C'est ce qu'a rappelé l'hebdomadaire orthodoxe Glas Crnogoraca (photo suivante) deux jours plus tard, le 19 mars 2001, sous la plume de l'historien monténégrin Aleksandar Stamatovic qui s'est également exprimé sur la nouvelle chaîne de télévision parlementaire pour démonter cette désinformation antiserbe. L'article met bien en évidence la photo originale et le livre en question.

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Un autre auteur, Mile Kordic, avait également publié un livre sur les Monténégrins qui se sont révoltés contre les Austro-Hongrois pendant la Première Guerre Mondiale ("Komitski pokret u Crnoj Gori" - Le Mouvement des Comitards au Monténégro publié en 1984) en publiant cette photo et en désignant l'endroit comme étant Cetinje. Renseignements pris auprès de l'historien Predrag Vukic qui connaît Cetinje et son histoire par cœur, cette photo n'a pas été prise dans la capitale historique du Monténégro. Si Mile Kordic s'est trompé sur la localisation, il a par contre vu juste quant aux exécutants: ce sont bien les Autrichiens. Pour information, les Comitards sont les Monténégrins qui refusèrent de se soumettre aux Autrichiens et qui prirent les armes pour se rebeller.

Ce que l'on voit sur cette autre photo ressemble étonnement au cliché précédent.

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Il s'agit également de l'armée austro-hongroise en action, à la même époque (Première Guerre Mondiale), mais en Serbie cette fois-ci, plus précisément dans la région de la Macva à 80 km à l'Ouest de Belgrade. Remarquez que les moyens utilisés (potences) sont les mêmes tout comme les uniformes militaires. Les Autrichiens se délectaient ainsi à pendre des civils pour impressioner les foules, où plutôt ce qu'il en restait...

Voilà comment les Serbes sont aujourd'hui diabolisés pour, en partie, justifier l'indépendance du Monténégro.

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