BRANKO LUKOVAC: "LA SERBIE N'A PAS LE DROIT DE REPRÉSENTER LE MONTÉNÉGRO" 24.06.2000 NEW YORK - Le Monténégro n'étant pas un pays indépendant, il n'a donc pas le droit de prendre la parole aux Nations-Unies, encore moins au Conseil de Sécurité de l'ONU. Cependant, par le truchement de quelques pays conciliants avec le Monténégro, Branko Lukovac, le Ministre des Affaires Etrangères, a fait circuler un document qui fait l'état de la situation dans la République et des relations avec la Serbie au sein de la Fédération yougoslave. Morceaux choisis: "Le Monténégro accuse le pouvoir du président yougoslave Slobodan Milosevic de vouloir le "déstabiliser" en utilisant l'Armée Fédérale Yougoslave (...) Existe la dangereuse éventualité du déclenchement d'une nouvelle crise (...) Le Monténégro dénie aux autorités yougoslaves le droit de le représenter à l'étranger." "La présence du Monténégro à l'ONU et au Conseil de Sécurité a été accueillie et saluée avec force" lors de cette session consacrée à la situation dans les Balkans, vendredi à New York, a déclaré à Vijesti Branko Lukovac, qui a pu assister à la session sans toutefois y prendre la parole. Cette session ne s'est toutefois pas déroulée sans incidents: Vladislav Jovanovic, le représentant de la République Fédérative de Yougoslavie, n'a pas été autorisé à y assister ce qui a provoqué l'ire des membres russe et chinois. L'ambassadeur russe, Sergeï Lavrov, ayant quitté la session avec son homologue chinois pour quelques instants en déclarant que cette position vis-à-vis du représentant yougoslave était "contraire à la Charte des Nations-Unies. Discuter des problèmes dans les Balkans sans la République Fédérale de Yougoslavie est un non-sens". Il a ensuite été décidé, par sept voix (États-unis, Grande-Bretagne, France, Pays-Bas, Bangladesh, Malaisie) contre quatre (Russie, Chine, Ukraine, Namibie) et quatre abstentions (Mali, Tunisie, Argentine, Jamaïque) que Vladislav Jovanovic ne pourra assister à la session. L'ambassadeur Richard Holbrooke a parlé de la Serbie comme d'"un gouvernement dont la direction a été inculpée pour crimes de guerre". Il faut avouer que Branko Lukovac l'a jouée fine puisque sa campagne de promotion d'un Monténégro indépendant a commencée dans les plus hautes sphères de la politique internationale. Il obtient ainsi une garantie d'écoute auprès du Conseil de Sécurité de l'ONU pour l'avenir. Predrag Bulatovic, vice-président du SNP (Socijalisticka Narodna Partija - Parti Populaire Socialiste - pro-Milosevic) a déclaré ce samedi que le geste de Branko Lukovac au Conseil de Sécurité est "honteux, contre-éthique à la Constitution fédérale mais aussi montenegrine, et vise en premier lieu la division de la Yougoslavie".